la presse partiale

Cigarette électronique : Quand les journalistes ont des priorités d’informations qui ne sont pas celles des lecteurs

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Temps de lecture : 6 mn

Fin 2018, un scanning de la presse mondiale (à partir de 2013) sur la vape montre le grand décalage entre les journalistes et le public.

Des chercheurs de l’université de San Diego, dirigé par John Ayers ont publié via le site Plos one (https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0205822) une étude très intéressante sur la façon dont les journalistes ont …informé au sujet de la cigarette électronique. Et les résultats sont assez atterrants. Explications :

Ils ont déniché 86’872 articles d’information traitant du vapotage depuis 2013, scanné plus de 100’000 sources en 23 langues provenant de 148 pays dans les archives de Google News, Bing News et des partages sur Twitter à partir de mots-clefs dans le registre du vapotage. De 8 articles publiés par jour en 2013, la moyenne de publications quotidiennes a bondi à 75 au premier semestre 2018. Forcément, c’est à cette époque que la vape a pris son envol, plébiscité par les consommateurs. “Les informations données sont à la fois un marqueur de l’essor des ENDS [systèmes électroniques de délivrance de nicotine, acronyme utilisé par les auteurs pour parler de vapotage] et un vecteur de la manière dont les informations (et la désinformation) sont diffusées à propos des ENDS”. Pour faire simple, comment est traité le sujet.

Une étude financée par le milliardaire anti-vape Michael Blomberg !

“Où les la vape bénéficie-t-elle d’une couverture? Quelles problématiques émergent? Quelles stratégies réglementaires sont privilégiées? Quelles sont les réponses apportées par la vape ? Quid de l’intérêt de la vape ? Vapoter peut-il permettre d’arrêter de fumer ? Quels sont les risques ? Quelles sont les limites ? Le monitorage des médias d’information peuvent répondre à ces questions, et à bien d’autres encore”, argumentent les auteurs.

Financés par l’organisation de l’affairiste anti-vape Michael Bloomberg, ils ont analysé la provenance géographique, le sujet des reportages, la popularité des sujets dans le public, et le sentiment à propos du vapotage véhiculé par les articles. La plupart des articles concernent les Etats-Unis avec 34% du total des publications, devant le Royaume-Uni (7%). Les articles de France sont très loin derrière symbolisant le peu de traitement du sujet au niveau francophone. La menace que fait peser la loi française contre l’information positive sur le vapotage jouant probablement un rôle dans ce mutisme…

Affoler plutôt qu’informer !

L’information significative qui ressort de ce travail titanesque, c’est le grand écart magistral qui existe entre l’information délivrée par les journalistes (leur intérêts, leurs préoccupations…) et ce que souhaitent les lecteurs et le public en général au titre de l’information. Les médias anglophones et francophones privilégient avant toute chose les informations d’avertissements contre le vapotage, devant les questions d’interdictions. Les sujets sur les prix viennent en troisième place dans ces régions, tandis qu’ils sont le centre d’intérêt premier dans les pays de l’est (Russie, Ukraine), en Inde et en Egypte.

Mais…pas de chance, ces intérêts éditoriaux ne sont pas forcément ceux du public ! Si les journalistes étaient en phase avec le reste de la population, nous serions au courant. Preuve en est, le principal sujet propulsant la popularité d’articles sur la vape est l’arrêt tabagique. “Il y a peu d’articles sur les ENDS centrés sur l’arrêt du tabac, mais ces articles ont le plus de chances d’être populaires, avec une probabilité de 13% de finir dans les 3 premiers déciles du classement de popularité”, souligne la recherche.

Cocorico, la France n’est pas en reste en la matière et nos journalistes, toujours à la pointe de l’information sont toujours aussi pertinents dans leurs choix rédactionnels : dans la sphère francophone, les journalistes privilégient dans 30% des cas l’alarmisme, contre seulement 8% de sujets traitant de l’arrêt du tabac grâce à la vapote. Oui oui, 8%…

Comme dit l’expression, est aveugle celui qui ne veut pas voir !

La vape, c’est méchant tout plein d’abord !

Nous l’avions compris, la vape, nous n’avons pas de recul, c’est risqué, c’est mal, c’est presque du nazisme !

Et nos media sont là pour le rappeler : l’étude nous le confirme avec des chiffres très précis à travers le contenu des articles proposés : “très peu d’articles (17%) expriment des sentiments positifs, et seuls environ 1% sont fortement positifs”. Je précise qu’un article de presse n’est pas là pour flatter, promouvoir un produit mais avant tout pour apporter une information fiable. En plaçant le curseur d’analyse de cette façon, je n’y vois pas de problème. Mais, Selon l’analyse des chercheurs, le double d’articles expriment une orientation négative (39%), voire très négative (2%). Ces journalistes auraient-ils testé les matériels, seraient-ils vapoteurs, ont-ils contacté des professionnels du secteurs. Le doute est permis… Mais avec près de la moitié d’articles négatifs sur le sujet, diantre…si avec ça, vous n’avez pas compris, ce serait à désespérer !

Je suis méchant, je suis vilain !

Parfois, les plumitifs qui souhaitent rester un peu plus neutres dans leurs écrits (environ 44%) on peut noter que ceux utilisant un registre très légèrement négatif sont plus de quatre fois plus nombreux que ceux très légèrement positifs….S’agit il d’un manque d’informations sur le sujet, de lacunes personnelles ou tout simplement l’absence de volonté de travailler un sujet sérieusement ? Dans tous les cas et sans tomber dans le complotisme, cette grille d’analyse est partagée partout ou l’étude à analysé les articles de presse.

Déconnexion entre le journalisme et le public ?

La problématique la plus grave est ailleurs : un fossé d’intérêt s’est creusé entre ce que les media éditent et l’information souhaitée par les lecteurs et le public en général au sujet de la cigarette électronique. Trop souvent les articles sont à charge (parfois au travers d’études bidons financées par les lobbies du tabac), font dans le sensationnel ou se basent sur rien de contractuel ou de vérifiable (“Nos résultats mettent en évidence plusieurs déconnexions entre les priorités de la communauté journalistique et les domaines de préoccupation potentiels du public”). Par ailleurs, quand le public souhaite une information sur les possibilités et l’opportunité d’arrêter de fumer grâce à la vape, ils n’ont pas suffisamment accès à ce type d’information bien que la matière scientifique existe et est largement accessible pour des professionnels de l’information. Loin de moi de verser dans le complotisme, mais force est de constater que la cigarette électronique, son intérêt et ses faiblesses (oui, il y en a) est un sujet qui ne fait que trop rarement l’objet d’articles impartiaux et sérieusement documentés.

La vape est-elle la seule concernée sur ces parti-pris idéologiques et ce comportement moutonnier ?

Visiblement non et le résultat est sans appel. En début 2020, Le Monde (https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2020/01/16/crise-de-confiance-et-perte-d-interet-les-francais-restent-critiques-envers-les-medias_6026054_3236.html) s’alarmait que près de 50% des Français n’avaient plus confiance dans les media.

L’arroseur arrosé en somme !

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